hommage à un ami, Benoît Duteurtre

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président du Prix Littéraire du château de Sédaiges

Benoît Duteurtre est mort aujourd’hui. J’en reste muet de stupéfaction. Au-delà des mots, dont je suis à court, je perds un ami. Fidèle auditeur de France Musique (toute la journée), j’appréciais beaucoup ses émissions du samedi matin, à 11 heures, Etonnez-moi Benoît, où il laissait la part belle à l’évocation des chansons et musiques de la belle époque des années folles. Quand j’ai eu l’idée de le faire venir, chez nous pour être (désormais pour l’éternité) le Président d’Honneur du Prix Littéraire du Château de Sédaiges, j’étais « monté » à Paris pour le rencontrer, dans son fief, sur l’île de la Cité où nous avions bavardé tous les deux pendant deux heures, pour qu’il soit convaincu de la sincérité de ce projet. Il était venu au Château de Sédaiges pour remettre au premier lauréat, Gwenaël Bulteau, ce diplôme honorifique qui continue son destin et nous avions profité de ces deux jours entiers (sans compter les heures de route pour l’accompagner à la gare de Clermont-Ferrand) pour lui faire connaître notre commune et ses environs. Reçus à l’arrivée au château, nous avions partagé un dîner inoubliable. Plus tard, nous avons dîné chez moi, le soir, où avec les invités, nous avons échangé sur la culture, les livres et la musique. Ces moments sont gravés dans ma mémoire comme des heures où j’ai pu partager avec un connaisseur mes quelques rudiments sur la littérature, la musique et aussi la société. Nous n’avions pas forcément les mêmes inclinations, mais on se grandit toujours à échanger avec une personnalité fort attachante. Je suis triste, parce que j’ai eu l’honneur de rencontrer un homme bien, respectueux et formidablement intelligent, je suis triste parce que perdre un ami est une déchirure, je suis triste parce que je sais que je vais parler de lui avec émotion le 8 octobre prochain et je suis triste parce ce n’est pas un âge pour mettre un point final à une histoire qui se poursuivait. J’ai de lui beaucoup de livres dédicacés dont je suis fier, lui qui m’a enfin fait comprendre (enfin, c’est une initiation) la poésie ardue des symbolistes

Merci, cher Benoît, de ce que vous avez fait pour notre petit bout de campagne cantalienne, nous avons eu les honneurs de la presse et de la radio (dont France Musique), ce qui, vu de Paris semble être insurmontable pour nombre de celles et ceux qui ne sortent pas du périphérique pour nous dire ce qu’il faut penser, et je sais dans ce coin des Vosges, où vous trouviez refuge pour fuir ce microcosme, on doit être comme nous ici, tristes et sans voix.

Laurent Tellier

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